Herboressence cultive un jardin médicinal sur le site patrimonial de la Cité-des-Hospitalières, avenue des Pins à Montréal (voir article). Dans cette série d’articles, les plantes de notre jardin vous sont progressivement présentées.
Voici la première d’entre elles : le thym Thymus vulgaris, de la famille des Lamiacées. Indispensable pendant l’hiver, elle sera tout aussi précieuse au printemps, alors que nos corps fatigués, en manque de soleil, attrapent tout ce qui passe !
Vous connaissez certainement le thym comme plante aromatique utilisée pour relever le goût de bien des plats et notamment pour la place de choix qu’il occupe dans le mélange d’herbes de Provence. La farigoule, son nom chantant dans le sud de la France, sent bon la garrigue1 !
D’où vient-il ?
Originaire d’Europe occidentale et du Sud, il est arrivé au Québec avec les premiers colons.
Parties utilisées en herboristerie
Feuilles.
Ses propriétés et son utilisation
Le thym est avant tout un grand antiinfectieux, à la fois contre les bactéries (Gram+ comme Staphylococus aureus… et Gram- comme Escherichia coli…) et contre les virus, mais aussi en cas d’infections fongiques. Il est antitussif, expectorant et antispasmodique. Il sera donc votre allié pour les troubles respiratoires (bronchite, toux, coqueluche, rhume des foins…), son domaine de prédilection, mais aussi pour les infections digestives, y compris parasitaires, pour les infections gynécologiques, en cas par exemple de pertes blanches, ou encore pour les infections urinaires (cystite).
Vous l’apprécierez également en cas de fatigue, stress et anxiété, car il est un bon tonique général et soutiendra votre système immunitaire et vos surrénales, ces glandes souvent malmenées par le stress. Il pourra aussi ouvrir votre appétit, faciliter votre digestion et prévenir gaz, ballonnements et fermentation.
Le thym en bref
Un antibiotique végétal pour les pathologies infectieuses, surtout respiratoires,
pour les troubles digestifs et en cas de fatigue générale.
Sous quelles formes l’utiliser ?
En infusion (seul ou avec du gingembre frais, du citron, du miel), en teinture-mère (alcool ou vinaigre), en huile essentielle, en sirop (j’aime particulièrement la recette de Christophe Bernard), en miellat.
Pris en infusion, n’hésitez pas à avoir la main lourde avec une cuillère à thé bien bombée par tasse. Son arôme est une indication de sa puissance thérapeutique.
Ajoutez-y de l’échinacée en teinture-mère ou de la propolis pour renforcer davantage votre système immunitaire.
Et les enfants?
C’est une plante qui peut être donnée aux jeunes enfants (à partir de deux ans) en adaptant le dosage.
Précautions principales
Ne pas utiliser à dosage thérapeutique en cas de grossesse, d’allaitement et en cas d’irritation des reins.
Une de mes infusions favorites
Thym et sureau Sambucus nigra ou canadensis (fleurs). En cas de coup de froid ou juste pour le plaisir, le petit goût acidulé du sureau (adoré par les enfants) compensera agréablement le goût légèrement amer du thym. Face à l’alliance de leurs propriétés antivirale et antibactérienne, bactéries et virus ne résisteront pas à ce duo de choc.
À quels principes actifs attribuer ses principaux effets ?
Aux composés volatils (huiles essentielles qui lui donnent son parfum) et surtout les phénols, et aussi aux flavonoïdes et aux tanins.
Quand la science d’aujourd’hui confirme la tradition d’hier
De nos jours, de nombreuses études scientifiques sur les propriétés thérapeutiques de différentes molécules du thym (voir références plus bas) viennent corroborer notamment le pouvoir antiinfectieux du thym connu depuis l’Antiquité et dans l’herboristerie traditionnelle. Des études ont identifié sur quelles bactéries certaines molécules agissent spécifiquement.
Son utilisation en huile essentielle
Comme toute plante médicinale, le thym est constitué de nombreuses molécules ce qui rend les possibilités d’utilisation tout aussi variées. Toutefois, si vous utilisez le thym en huile essentielle, sa sphère d’action différera selon l’huile essentielle choisie, car la molécule dominante (chémotype) est différente selon l’environnement (altitude, climat) dans lequel il pousse. Le thym est un excellent exemple de l’influence de l’environnement. Ainsi, il existe plusieurs chémotypes (thymol, carvacrol, linalol, géraniol, thujanol, bornéol, etc.). Il est donc important de vérifier le chémotype quand vous achetez une huile essentielle de thym. N’achetez pas une huile essentielle dont le chémotype n’est pas précisé.
Ainsi, vous choisirez plus spécifiquement le thym à thymol et à carvacrol pour les infections respiratoires, à thujanol pour la sphère ORL (otite, sinusite, angine, laryngite, rhinite, rhinopharyngite, etc.) y compris les infections buccales (stomatite, aphte, etc.), à paracymène (analgésique) pour les rhumatismes, l’arthrose et autres douleurs articulaires, etc.
Le thym au jardin
Vous voulez le cultiver ?
Optez pour une variété rustique locale et biologique. Souvenez-vous qu’il pousse dans la garrigue à l’état sauvage : réservez-lui donc une belle place au soleil et dans un sol bien drainé. Si vous oubliez de l’arroser, il ne vous en voudra pas, au contraire ! Il n’aime pas l’humidité. Vivace au Québec, il est à protéger avec un paillis végétal pendant l’hiver.
Quand le cueillir?
… au moment de la floraison en rabattant les tiges en en laissant environ un tiers pour permettre la repousse et éviter la formation de bois.
Comment le transformer une fois cueilli ?
Vous pouvez le faire sécher au séchoir ou à plat sur une grille ou encore dans un sac en papier ouvert pour l’utiliser ensuite en infusion. Les plus aventureux d’entre vous pourront le transformer en teinture-mère dans l’alcool ou dans le vinaigre.
Le thym en cuisine
Ajoutez du thym frais ou sec dans vos plats de viande ou de légumes, à votre vinaigrette. Ou encore faites macérer des branches de thym fraîchement cueilli dans de l’huile d’olive dans une bouteille en verre et profitez de son parfum en cuisine tout au long de l’année.
Le thym à travers l’Histoire
Le thym est connu depuis des siècles. Les Égyptiens l’utilisaient pour embaumer les morts, les Romains pour purifier l’air, les Grecs (entre autres Galien et Dioscoride) connaissaient ses propriétés antiseptique et antispasmodique et l’utilisaient comme encens sur les autels. Au Moyen Âge, Hildegarde von Bingen connaissait sa fonction pour les putréfactions et il était utilisé pendant les épidémies, de même que comme assainissant jusqu’à la première guerre mondiale.
Mise en garde : Consultez un praticien de soins de santé/fournisseur de soins de santé/professionnel de la santé avant de faire un usage thérapeutique des plantes médicinales.
Références
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Bernard, C. (2015, 4 mai). Un beau thym pour l’hiver. https://www.altheaprovence.com/un-beau-thym-pour-lhiver/
Lorrain, E. (2019). Grand Manuel de phytothérapie. Dunod.
Luu C. et Fournier A. (2021). 300 plantes médicinales de France et d’ailleurs. Terre vivante.
Mackay, D. (2019). 40 plantes médicinales dont 12 aromatiques pour la pharmacie familiale et la table. Colloïdales.
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Schmidt, E., Wanner, J., Hiiferl, M., Jirovetz, L., Buchbauer, G., Gochev, V., Girova, T., Stoyanova, A., Geissler, M. (2012, 7 août). Chemical composition, olfactory analysis and antibacterial activity of Thymus vulgaris chemotypes geraniol, 4-thujanol/terpinen-4-ol, thymol and linalool cultivated in southern France. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22978238/
Sharifi-Rad, M., Varoni, E. M., Iriti, M., Martorell, M., Setzer, W. N., Contreras M., Salehi, B., Soltani-Nejad, A., Rajabi, S., Tajbakhsh, M., Sharifi-Rad, J. (2018, septembre). Carvacrol and human health: A comprehensive review. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29744941/
- Terrain aride et calcaire des régions méditerranéennes. ↩︎